Si le théâtre se tait, il meurt...

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Quelle est la vérité du théâtre aujourd’hui, dans le parcours de l’humanité ?Nous posons cette question alors que des peuples sont exterminés, affamés, terrorisés.Les réseaux sociaux dominent, surveillent, et se transforment en usines de psychose..

 

Quelques personnes détiennent la moitié des richesses du monde.La nature est détruite par nos propres mains, dans une indifférence criminelle.Les libertés se réduisent, peu à peu…Les arts, réduits à de simples produits, noient les esprits et saturent les marchés de spectacles  sans âme, sans question, sans trace de vérité.Nos villes ? Laides, sales, anarchiques, sans règle ni loi… Leurs habitants s’y sont habitués, au point que la laideur fait désormais partie du paysage.Notre langage ? Bâtard, vulgaire, réduit à une simplification grossière qui dévalorise les valeurs sociales, le savoir et la citoyenneté.

 

La violence est devenue culture et routine.Le fanatisme, le racisme et l’extrémisme religieux se propagent, étouffant la pensée et réduisant la vie à une seule couleur, une seule voix.Alors, reste-t-il au théâtre un véritable espace pour dénoncer, pour exister, pour durer, pour agir ? Ou n’est-il plus qu’une fatwa décorative dans la grande scène de la ruine ?Et quel théâtre est-ce donc, quand il devient complice de cette course collective vers le pire, le plus laid, le plus rétrograde, tout en étant honoré dans les tribunes et célébré dans les cérémonies ?

 

Il nous suffit pourtant d’affirmer que le théâtre auquel nous aspirons n’est pas un divertissement passager, ni un discours préfabriqué que l’on rabâche.Le théâtre est un laboratoire. Une confrontation. Un lieu pour penser à voix haute, pour imaginer lorsque les réponses manquent. Alors, renouvelons l’appel : expérimenter, s’indigner, rire, protester.Affirmer que si le théâtre se tait, il meurt.Qu’il demeure une conscience vivante, dérangeant ceux qui s’installent dans le mensonge, réveillant ceux qui s’endorment dans la laideur, rappelant sans cesse que l’homme, sans questions, sans art, sans engagement… n’est qu’une ombre passagère dans un temps passager.

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Taoufik Jebali

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